Il serait tentant d’opposer Lean et Digital. Après tout, il y a bien des aspects où les approches Lean et Digital s’opposent concrètement. Par exemple, la matérialisation des informations est une technique fondamentale du Lean, afin de permettre aux personnes de réfléchir aux informations « avec leurs mains », comme s’il s’agissait d’objet.
L’avènement du PC au début des années 80 avait d’ailleurs amené Eiji Toyoda, le patron de Toyota qui avait soutenu Ohno dans la mise au point du Toyota Production System, à faire cette observation : «
La société a atteint ce point où nous pouvons maintenant appuyer sur un bouton et recevoir un déluge d’informations techniques ou managériales. C’est très pratique, bien sûr, mais si on n’y fait pas attention, on peut oublier de penser. Il faut se souvenir qu’à la fin, c’est bien l’être humain qui doit résoudre les problèmes. »
Dans la même veine, on préfère écrire à la main pour pouvoir formuler les raisonnements et décrire avec des croquis notre compréhension des principes sous-jacents, plutôt que de manier des « post-its » digitaux, ou des tickets sous toutes leurs formes, qui transforment insidieusement les réflexions en titres de chapitre. Le but du Lean est avant tout de créer les conditions d’une réflexion plus profonde dans le courant du travail quotidien, afin de soutenir de réelles améliorations.
Toutefois, cette opposition de surface n’en est pas nécessairement une à y regarder plus en profondeur. Les entreprises qui réussissent leur virage digital sont le plus souvent celles qui ont compris que les outils numériques leurs permettent une plus grande connectivité : en mettant plus de personnes en contact entre elles, en permettant des assemblages de produits complémentaires plus astucieux et en permettant plus de circulation libre de l’information en interne, quelques sociétés ont trouvé de nouvelles manières d’être plus compétitives.
Pareillement, et souvent tout aussi mal compris,
l’origine du Juste-à-temps dans le Lean est la détermination de Kiichiro Toyoda de trouver une méthode pour mieux faire collaborer personnes, équipements et sites afin de produire de la valeur sans générer autant de gaspillages : le juste-à-temps est également une démarche de connectivité qui, bien menée, amène les départements fonctionnels à mieux travailler ensemble. Ensemble, au quotidien, en résolvant les problèmes de tous les jours visualisés par le flux tiré. Ensemble, stratégiquement, en mettant les directeurs de départements d’accord sur les problèmes à résoudre et en leur apprenant à s’entre-aider, plutôt que de continuer à optimiser leur département au détriment des autres.
Enfin, les objets connectés, le big data, l’impression 3D sont aussi des opportunités de comprendre ce qui arrive à nos produits ou services et d’accélérer les cycles de prototypages, les expérimentations sur des options, et la compréhension des contraintes d’usage pour nos clients.
Pour explorer les liens entre Lean et Digital, Florent Letellier, responsable des adhérents de l’
APM et participant au
CES Lean Management de Télécom Paristech, a construit avec nous un
MOOC (cours gratuit en ligne) d’initiation au Lean. C’est une expérience sur laquelle nous aimerions avoir vos retours, particulièrement si vous voyez l’opportunité de vous en servir en interne pour diffuser les idées de base du Lean. Nous serions très reconnaissants si vous partagiez vos apprentissages sur cette forme digitale d’enseignement.
Participons au développement du Lean en apprenant ensemble !
Michael Ballé
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